Si le concept de
performance est si fort au sein du Tango, c'est qu'à l'image
des
milieux BDSM celui ci permet l'accès à l'être. C'est par le mécanisme pleinement assumé de la performance que l'on peut passer
le temps de la milonga du FAIRE l☆ tanguer☆ à ÊTRE l☆
tanguer☆.
Comment devenir ce
que l'on n'est pas ? C'est tout l'enjeu soulevé par le tango
normatif.
Faire le tango
c'est simple, une ou deux variations, une paire de talons, un chapeau
et nous y sommes.
Être le tango, c'est une tout autre paire de
manches qui prend assurément du temps, qui ne se situe pas sur des
notions de technique ou d'habillage qui peuvent à tout moment virer au ridicule.
C'est d'ailleurs pour cela que peut être les cours normatifs
ressemblent plus a des leçons de mœurs que de danse.
À force de mimétisme nous toucherons au fil des ans et de notre ouverture au
but, mais pour ceux et celle voulant accélérer le processus assumer la facette BDSM
du tango reste peut être le raccourci le plus efficace.
Vue sous cet angle les propos que l'on peut entendre dans la sphère normative tels que « Fais moi danser », « Je ne sens pas ton guidage », « J'aime me sentir femme dans tes bras», « Je peux inviter votre partenaire ? » prennent alors tout leur sens.
La scène normative
invite à l'adoption d'une asymétrie de rôle (Bondage), selon le
modèle homme guide la femme suit (Domination / soumission)
permettant aux personnes jouant leurs rôle respectifs en consentement de
repousser leurs limites, de s'accomplir pleinement et y prendre
plaisir (Sadisme, Masochisme).
Avoir « un☆
domin☆ » qui cadre, guide, force à sortir en permanence par
succession de propositions de sa zone de confort, accélère
le processus du devenir tanguera .
Avoir
« un☆ domin☆ » c'est l'obligation d'avoir la reconnaissance d'un
parcours et d'un status de personne à même de construire un cadre, juste
et nécessaire propice à vivre l☆ tanguer☆.
Vue sous cet angle, l'attente d'être invité est la mesure nécessaire à montrer sa soumission, sa disponibilité, et à terme sentir en soit le passage nécessaire au devenir de la tanguera qui sommeille en soit.
Ceci expliquerait le nombre de femme préférant l'attente à être invité, que de se lancer dans le guidage. D'autant que cette "souffrance" deviendra à terme un plaisir subtil que l'on mettra en avant comme marque de distinction.
La tanguera qui aime l'attente de se faire inviter, n'est jamais débutante. Prendre plaisir à égrainer le temps atteste alors d'un statu.